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Comment Phillip Cable a réussi dans le monde maritime

Temps de lecture :  4 Minutes

Phillip Cable est le PDG et cofondateur de l’entreprise Maritime Asset Security and Training Ltd, plus connue sous le nom de MAST. Il avait déjà essuyé bon nombre de tempêtes en tant qu’ex-officier de la marine, mais lorsque son affaire a cessé de croître et a traversé des eaux troubles, il lui a fallu travailler d’arrache-pied pour surmonter ce nouveau défi.

Nous avons échangé avec lui afin d’en savoir davantage sur la création de son entreprise, sur les leçons qu’il a pu tirer de cette expérience et sur la manière dont son équipe fait du milieu maritime un espace sûr pour vivre et travailler.

Pour commencer, pourriez-vous nous expliquer ce que vous faites chez MAST ?

En un mot, nous nous occupons de la gestion du risque et de la sécurité. Nous nous consacrons au milieu maritime et travaillons pour des clients propriétaires de super-yachts ou transporteurs maritimes ainsi que sur le marché des assurances. Nous proposons également nos services à des gouvernements étrangers. Nous assurons la protection physique, y compris la sécurité armée dans des environnements difficiles. Nous concevons et installons des systèmes de sécurité sur les yachts et dans les résidences de haute valeur, mais nous nous occupons tout aussi bien de kidnappings et de demandes de rançon pour le compte de nos clients.

Qu’est-ce qui vous a incité à créer votre entreprise ?

Je suis avocat de formation, mais je me suis engagé dans la Royal Navy à 24 ans suite à une crise existentielle. J’y ai servi pendant presque six ans comme officier de guerre et de plongée. J’ai quitté la Navy au début de la trentaine pour suivre un Master en droit maritime et travailler par la suite dans l’évaluation de la sécurité au Moyen-Orient. C’est ensuite que j’ai fait la connaissance de mon associé. Il avait servi dans les forces spéciales britanniques et avait beaucoup travaillé auprès de clients fortunés. À nous deux, nous possédions donc un large éventail de compétences pour fonder MAST.

Comment compareriez-vous la création de votre entreprise à la Navy ? Le défi est-il le même ?

Il est difficile de comparer, mais dans les deux cas il faut faire preuve d’opiniâtreté et de ténacité, et toujours garder le cap sur l’objectif ultime. Vous ne vous faites pas tirer dessus en affaires, même si ça peut parfois y ressembler. Il faut réfléchir vite, s’adapter.

Quel a été votre plus grand accomplissement chez MAST ?

Ce secteur n’existait pas à proprement parler il y a dix ans. Je suis très fier d’avoir été un pionnier du secteur de la sécurité privée au sein du milieu maritime. Notre mission est essentiellement de faire de ce milieu un endroit sûr pour vivre et travailler. C’est là notre rôle : la protection des personnes. C’est vraiment gratifiant lorsque notre équipe monte à bord, et que nous voyons nos clients soulagés.

Qu’est-ce qui est primordial dans votre travail ?

La flexibilité est essentielle pour une entreprise. Si les bureaux équipés sont un succès, je pense que ce n’est pas parce qu’ils offrent nécessairement la meilleure valeur au mètre carré, mais parce qu’ils vous permettent de disposer de bureaux et d’équipements complets pendant un temps donné. Vous ne devez pas signer de bail, ni vous inquiéter des impôts fonciers ou de toute autre chose. Vous payez et vous pouvez partir rapidement en cas de changement de votre situation. C’est un aspect important, car les choses évoluent toujours.

Pouvez-vous nous parler d’un changement auquel vous avez dû faire face ?

Nous étions arrivés à un point où notre affaire se développait de façon exponentielle, nous embauchions et nous sommes étendus de manière excessive. Le marché a rapidement évolué, et nous avons soudainement subi des pertes importantes. Cette période s’est révélée extrêmement difficile, bien davantage que la phase de croissance, car nous avons été pris de court. Il ne faut pas paniquer et agir rapidement.

J’ai engagé un spécialiste en redressement d’entreprises qui avait restructuré de nombreuses grandes entreprises et connaissait la méthode à employer. L’équipe dirigeante a élaboré un plan qui comprenait malheureusement des licenciements. Cependant, en agissant rapidement et avec méthode, nous avons trouvé un moyen de sauver l’entreprise et de lui redonner de l’élan.

S’agit-il du plan grand défi que vous ayez eu à relever ?

Au niveau des opérations, nous avons évidemment dû faire face à des situations très complexes, qu’il s’agisse d’employés malades en mer ou de personnes blessées. Il n’est pas aisé d’évacuer ces personnes des navires, d’être confronté aux assureurs et d’accompagner leurs familles, le tout 24 h/24 et 7 j/7. C’est un environnement dynamique, et même si vous vous y habituez, il y a toujours un moment où vous êtes mis à l’épreuve.

Avez-vous du mal à trouver l’équilibre entre travail et vie privée ?

Oui, lorsque j’ai créé mon entreprise, je n’avais pas d’enfant. Aujourd’hui, ce serait très difficile pour moi de lancer ma propre affaire. Cela mettrait une pression conséquente sur ma femme. Mon entreprise est maintenant établie, et je dispose d’une équipe solide. Je peux donc me concentrer sur les grandes décisions stratégiques.

L’équilibre travail/vie privée est tout de même très important. Sans équilibre vous pouvez vous épuiser. Je tiens à emmener mes enfants à l’école le matin et à venir les chercher le soir plusieurs fois par semaine. J’organise mon agenda en conséquence. Certaines de mes tâches peuvent être effectuées aussi bien à 9 h du matin qu’à midi.

En est-il de même pour votre équipe ?

Tout à fait. Selon moi, notre culture d’entreprise repose sur le travail accompli, et je préfère qu’un employé s’exprime ouvertement s’il rencontre un problème et doit travailler de chez lui. Je suis toujours compréhensif. Cela dit, vous voulez aussi que les employés fassent preuve de flexibilité, car une grande partie de nos activités peuvent se dérouler en dehors des heures de travail, le week-end ou à l’extérieur. C’est un équilibre à trouver entre personnes adultes, et je trouve que cela fonctionne bien.

Phillip Cable est le PDG de MAST Ltd, situé dans les bureaux de Regus à Stansted au Royaume-Uni.

Les trois conseils de Phillip…

1. Ne vous fiez pas à votre seul engouement. Vous devez disposer d’un business plan précis comprenant un produit ou un service que les gens recherchent vraiment et que vous êtes en mesure de vendre. Faites attention à l’aspect financier et regardez la série britannique Dragons’ Den. Ne dites jamais que vous ne vous intéressez pas à la finance !

2. Lorsque vous commencez à gagner de l’argent, ne supposez pas que cela va durer éternellement. Conservez une partie de cet argent et ne faites pas d’achats qui sont au-dessus de vos moyens. Il est vital de disposer de liquidités.

3. Ne vous laissez pas décourager par les échecs. Vous allez faire face à des épreuves et c’est dans ces moments que vous saurez vraiment si vous allez réussir ou non.